Edition 2008
Pour la troisième fois je présente quelques photos de l'édition de cette année de cette petite mais néanmoins sympathique convention qu'est le LAPB Show. Comme les années précédentes cette manifestation s'est tenue à Mission Hills, ville faisant partie de l'agglomération de Los Angeles et située dans la vallée de San Fernando. C'est une foire aux livres de poche de collection dans les domaines principaux de la science-fiction et du fantastique. Mais on trouve aussi beaucoup de ces fameux "Sleaze Paperbacks" présentés à cette occasion (il est difficile de trouver une traduction correcte pour le mot "sleaze" qui veut à peu près dire répugnant ou sordide). Ce mot s'applique à des livres des années 60 très recherchés de nos jours, aux couvertures criantes et qui traitaient de tout ce qui à l'époque était considéré comme déviance sexuelle, principalement l'homosexualité, (féminine de préférence). Le titre original en Anglais de l'article a été conservé. J'espère que l'on ne m'en voudra pas de montrer quelques couvertures illustrant ce genre de littérature. Pour nombre d'entre elles les dessins ne manquent pas de qualité.
Je remercie Earl Kemp d'avoir bien voulu me donner la permission d'insérer ces photos. Le extraits du texte qui les accompagnent sont de l'cérivain Jerry Murray, ami de Earl Kemp et spécialisé dans l'écriture de romans érotiques. L'article dans son ensemble est publié dans le numéro de juin du fanzine électronique de Earl.
Jerry et Susanne Murray, Photo par Earl Kemp, LAPB, Mission Hills, CA, Mars 2008 |
Sleazy Sunday Par Jerry Murray Suzy et moi avons quitté San Diego à 6 heures du matin pour arriver vers 9 heures dans la San Fernando Valley où se tient encore cette année à Mission Hills ce petit salon dédié aux livres de poche; le LA Paperback Show qui se veut être un lieu de rencontres et d'échanges entre fans, vendeurs et collectionneurs.. Quelques douzaines d’amateurs de littérature populaire faisaient encore la queue et préparaient leur 5 dollars afin de pouvoir s’engouffrer dans les salles d’exposition et de vente de cette 29ème manifestation.. Cherchant leur chemin au milieu des visiteurs plusieurs exposants en étaient encore à disposer leurs ouvrages sur les tables qui leur étaient affectées. Toute cette agitation fit que nous renonçâmes à chercher Earl, l’ami qui nous avait lancé cette invitation 2 semaines plus tôt. Earl Kemp, comme ancien rédacteur de Greenleaf Classics (*), avait pu acquérir la plupart de mes romans écrits quarante ans plus tôt au cours d’une période météorique consacrée à l’écriture de romans pornographiques. Ces romans surnommés affectueusement sordides, répugnants, sont maintenant avidement recherchés par les collectionneurs. Certains de ces vieux ouvrages peuvent être proposés à plus de 100 dollars sur Amazon. Ce prix peut monter à 300 dollars pour une couverture particulièrement saisissante et jusqu'à 1000 dollars pour un dessin original. Sur les présentoirs se trouvaient disposé beaucoup de ces ouvrages, au milieu de vieilles bandes dessinées et de magazines, soigneusements protégés dans des sacs plastiques ainsi que des tonnes d’ouvrages divers, des pulps de science fiction et de remarquables dessins originaux. Earl est encore largement connu et respecté comme éditeur des 2 genres (érotique et science fiction). Il est présent chaque année à cette manifestation et fait partie de cette trentaine de célébrités invitées. Il est également présent de 11 h à midi pour signer les livres édités par lui et discuter avec les fans. Earl vit loin d’ici, à Kingman en Arizona. Nous avons fini par le repérer discutant au milieu de la foule. Après s’être dirigé vers nous en souriant chaleureusement il nous a introduit auprès d’une bande de collectionneurs, auteurs et revendeurs dont nous avons oublié les noms. Il nous a présenté Tom Lesser, l’organisateur de ce salon. A la demande de Tom, Earl lui a communiqué une liste de mes différents pseudonymes, de façon à augmenter la l'intérêt de mes activités littéraires passées en dédicaçant mes livres sous mon nom et sous le pseudonyme approprié. |
Jerry Murray, Earl Kemp et Larry Ross, Photo par Susanne Murray, LAPB, Mission Hills, CA, Mars 2008 |
Vint les temps des signatures. Je me suis retrouvé assis à une table avec Earl et Victor Banis, un auteur d’ouvrages gay écrits au bon vieux temps du porno. Ce que j’avais également pratiqué sous le pseudonyme de Murray Montague. A tour de rôle nous avons parlé de la grande amitié manifestée par Earl envers nous et d’autres écrivains. Puis ils se sont dirigés vers la séance de signatures pour discuter avec les fans. Tandis que ma femme Suzy partait pour une petite promenade, je me suis assis souriant à leur table en observant tranquillement la foule. C’est alors que trois visiteurs anonymes, Bob Speray, Miriam Lini et Tony Jacobs ainsi que le promoteur du salon Tom Lesser vinrent vers moi avec des piles de vieux livre de poche, ce qui eu pour conséquence de me transformer instantanément en personnage connu J’ai du dédicacer une cinquantaine de livres sous mon nom véritable et sous mes pseudonymes au milieu d’une assemblée de fans plaisantant autour de moi sur les titres de mes livres et sur les couvertures, me rappelant mon passé scandaleux. Beaucoup de mes livres portent des titres et des pseudonymes que j’ai complètement oubliés.
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Quelques scènes du salon, Photos par Susanne Murray, LAPB, Mission Hills, CA, Mars 2008 |
A maintes reprises j’ai dit à mes fans que mes « années porno » avaient été les meilleurs de ma vie. Je n’ai pas eu le temps de leur dire que cette époque était celle d’une totale liberté pendant laquelle je ne répondais professionnellement qu’à Earl et Larry. En me payant correctement ils m’ont permis de vivre où je voulais, de voyager avec ma femme et mes enfants dans les états de l’Ouest et de rencontrer nombre de collègues et de lecteurs. Bien que cette vie fût très agréable il n’en reste pas moins que l’écriture de fiction érotique n’était pas aussi facile que l’on peut le penser. Beaucoup d’auteurs utilisaient de nombreux pseudonymes afin de se mettre à l’abri de poursuites juridiques. Earl Kemp peut être remercié d’avoir dirigé un mouvement lié aux droits civiques afin que la Cour Suprême modifie l’interprétation du premier amendement. Les limites de la liberté d’expression s’étant agrandies cela a permis aux auteurs comme nous de devenir un peu plus respectables et d’être plutôt considérés comme des écrivains de littérature populaire. Après m’être inscrit à un séminaire d’écriture au Collège d’Etat de San Diego, après 6 mois d’études mon professeur m'invita avec Suzy un soir à diner. Il sollicita mon avis sur la façon d’écrire un roman érotique en collaboration avec sa femme. Je ne sais pas si ce manuscrit a été publié mais cette expérience m’a donné confiance en moi à tel point que j’ai pu exercer mon activité pendant une quinzaine d’années aussi bien chez moi qu’à l’extérieur. Le tout en bénéficiant de très bons revenus et de nombreux voyages avec Suzy
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Forest J. Ackerman, William F. Nolan et Ray Bradbury pendant une séance de dédicaces. Ray Bradbury semble roupiller un peu. A son âge, 88 ans, on peut lui pardonner. Photos par Earl Kemp, LAPB, Mission Hills, CA, Mars 2008 |
Nous avons quitté la manifestation en nous frayant un chemin, livres à la main parmi des dizaines de personnes assises ou debouts discutant dans le couloir qui menait à la table de vente des tickets d’entrée. Comme nous nous étonnions que les retardataires soient plus nombreux que les visiteurs des premiers jours du salon, Earl nous dit en souriant « Ils viennent ici pour rencontrer Ray Bradbury avec l’espoir de parler avec lui et de lui faire signer un de ces livres. » Il ajouta qu’à son âge il quittait rarement sa maison et qu’il n’était présent que pendant 1 heure. Nous fumes heureux d’apprendre que nous serions invités officiellement au salon de l’année prochaine. Nous pourrions revoir les amis de cette année et rencontrer un peu plus de monde que ma horde minimale de fans. Nous avons retrouvé un peu fatigués mais heureux notre maison de la vallée de San Fernando. Un mail de Larry nous avait précédé. Il nous informait être retourné au salon avec sa fille et espérait qu’elle pourrait nous rendre visite après une longue absence. Pendant ce temps Larry discutait sérieusement avec un collectionneur au sujet de dessins originaux qu’il détenait dans son garage. Ils partirent tous les deux dans cette direction. Nous sommes certains que les affaires furent bonnes pour les deux parties.
Ce Sleazy Sunday s’est avéré
être un grand jour pour chacun de nous ! (*) Greenleaf Classics : maison d’édition fondée par William Hamling, spécialisée dans les romans érotiques et pornographiques publiés par Earl Kemp dans les années 60 et 70. Ce dernier fut aussi le premier à éditer des romans à tendance gay dont le principal contributeur était Victor J. Banis (voir photo ci-dessous). Earl Kemp se fit aussi remarquer en opérant un véritable détournement du Rapport Présidentiel Américain de la Commission sur l’Obscénité et la Pornographie qu’il publia justement avec des photos que la commission était censée examiner et sur lesquelles elle devait statuer. Pour ces faits il fut condamné, ainsi qu’Hamling, à un an de prison. Ils ne firent en fin de compte que 3 mois.
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Jerry Murray, Earl Kemp et Victor Bannis pendant une séance de dédicaces. Photo par Susanne Murray, LAPB, Mission Hills, CA, Mars 2008 |
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