EMSH GALERIE PLUS ARTICLE
SUR LA VIE ET L'OEUVRE DE ED EMSHWILLER
Emsh qui fut un grand artiste dans le domaine du dessin de science-fiction n'obtint jamais le crédit qui lui était du. Bien qu'il soit l'auteur de centaines d'illustrations de couvertures de pulps, magazines et livres divers, il est de nos jours presque oublié. |
Dans le numéro du
31 d'Avril 2007 du magazine électronique de Earl
Kemp est paru un long article consacré à la vie et à l'œuvre de Ed Emshwiller, dessinateur de science-fiction puis réalisateur de films
expérimentaux. L'article qui se concentre uniquement sur l'œuvre de Ed
Emshwiller en tant que dessinateur est extrait d'un livre intitulé "Emshwiller-Infinity-X-Two"
qui, à ma connaissance, est le premier dédié à cet artiste. L'auteur du texte,
Luis Ortiz, auteur et éditeur de cet ouvrage m'a Les premiers dessins de Ed Emshwiller dans l'illustration de science-fiction sont liés à la création du magazine Galaxy dont Luis Ortiz nous conte brièvement les débuts. Copyright 2007©par Luis Ortiz. Morceaux extraits de l'ouvrage Emshwiller : Infinity X Two et reproduits avec la permission de Nonstop Press. Tous droits réservés. Illustrations insérées dans l'article : copyright 2007© Ed Emshwiller succession |
A TRAVERS LE REGARD DE ED EMSHWILLER.......
...visions du temps et de l'espace...
Dans le texte d'origine notre artiste est appelé tantôt Ed, tantôt Emshwiller, tantôt Emsh. Emsh est un pseudo sous lequel il est le plus connu et qui sera utilisé tout au long de cet article
Par Luis Ortiz
A propos de l'auteur :
Luis Ortiz est né à Hoboken, New Jersey, dans la même ville que Frank Sinatra.
Il a grandit à New York où il exerce maintenant ses activités d'éditeur, de
directeur artistique, et d'écrivain. Un de ses précédents ouvrages, Arts
Unknown : The Life & Art of Lee Brown Coye s'est trouvé sur la liste
des lectures recommandées en 2005 par le magazine Locus. Il vit
actuellement avec sa femme Karan et un lot de tortues à l'extrême pointe sud de
Manhattan.
En 1949 une maison d'édition Franco-italienne, Edizioni Mondiale, décida de lancer aux Etats-Unis une revue intitulée Fascination spécialisée dans les romans à l'eau de rose. Cette revue bien qu'éditée avec succès en Europe subit un flop retentissant aux USA. Devant cet échec et cherchant d'autres débouchés un des éditeurs Italiens se trouvant en Amérique émit l'idée de créer, en association avec Del Duca, un magazine de Science-fiction. C'est ainsi que Galaxy SF vit le jour en Octobre 1950 sous la responsabilité éditoriale de Horace L. Gold.
Dès ses débuts ce nouveau magazine dut lutter contre deux sérieux concurrents : Astounding Science-fiction dirigé par John W. Campbell et The Magazine of Fantasy and Science-fiction dirigé par Anthony Boucher. D'origine canadienne Gold avait peu d'expérience en tant qu'éditeur. Beaucoup d'auteurs pensaient que Gold mettaient beaucoup trop la pression sur eux mais un de leur agent, Frederik Pohl, réalisa clairement qu'après un an de vie du magazine, c'était là qu'il se passait quelque chose et que c'était là qu'il fallait être. De plus Galaxy payait beaucoup mieux que ses concurrents.
Gold était handicapé par des blessures reçues pendant la guerre dans le Pacifique et prenait beaucoup de tranquillisants pour calmer des douleurs dorsales importantes. De plus il souffrait d'agoraphobie, ce qui l'obligeait à rester cloîtré dans son appartement de Manhattan. Galaxy fut cependant un concurrent immédiat aux 2 magazines cités plus haut en publiant dès les débuts de la revue une science-fiction plus intelligente et plus mature.
La première année de vie de Galaxy fut assez difficile et le magazine faillit disparaître avant d'être acheté par un imprimeur Robert M. Guinn. Il créa Galaxy Publishing Corporation après s'être séparé complètement de l'éditeur italien. H.L. Gold devint à ce moment là le véritable responsable éditorial. Six mois plus tôt Ed Emshwiller vendait au magazine sa première œuvre.
(Photo
datant de 1956 et montrant Emsh à sa table de travail)
Dès le début de sa
carrière Emsh s'était focalisé sur la science-fiction. Il s'était marié avec une
camarade d'école, Carol Fries. Pour lui, continuer dans les beaux arts était
trop risqué et il considérait que travailler pour le Saturday Evening Post,
Look et Colliers lui laisserait trop peu de liberté.
Son père étant amateur de
"pulps" il avait grandi avec l'imagerie de la science-fiction. A cette époque,
au début des années 50, les pulps étaient en déclin et peu rentables et les
éditeurs s'orientaient vers des formats digests.
Le directeur artistique de Galaxy, W. Van der Poel, apprécia tout de suite la capacité de Emsh à créer des couvertures à l'aspect évocateur et qui accrochait tout de suite l'œil du lecteur potentiel.
La première couverture signée Emsh est celle du numéro de Juin 1951 de Galaxy et intitulée "Reliques d'une Race Éteinte". A l'origine ce dessin n'était pas destiné à Galaxy mais fut exécuté dans la maison des parents de Carol à Ann Arbor alors que le premier numéro du magazine arrivait seulement dans les kiosques.
A l'instar de John Campbell Gold harcelait souvent ses auteurs afin d'obtenir des idées de récits. Les deux éditeurs en étaient aussi à interroger sans arrêt les lecteurs afin de connaître leurs préférences en matière de récits. Gold avait même demandé à ses écrivains de donner leur avis sur l'allure et la disposition du logo sur la couverture.
Un auteur bien connu, William Tenn à dit que Gold avait créé un milieu unique dédié à la SF dans son appartement de Stuyvesant Town qu'il ne quittait jamais, comme Campbell l'avait fait de son bureau de Street & Smith à New York. Tenn a aussi ajouté que Gold était un des hommes les plus irritants qu'il ai jamais connu.
Le 12 septembre 1952, une réception fut organisée pour fêter le deuxième anniversaire de la création de Galaxy. Gold réalisait qu'il avait fait du bon travail car malgré les difficultés le magazine était toujours en vie après 2 années de publication. A cette occasion le dessin de Emsh représentait l'appartement de Gold dont on voit la silhouette, au milieu de nombreux auteurs célèbres comme Robert Heinlein, Poul Anderson et Isaac Asimov...
La période 1952-1953 fut tout à fait bénéfique pour la science-fiction. Emsh entra en contact avec de nombreux écrivains. Il suivit les directives de deux directeurs artistiques : W. van der Poel pour Galaxy, et George Salter pour Fantasy & Science-Fiction qui n'étaient pas tous les deux des amateurs de SF mais plutôt des professionnels de la création. Les illustrations de Emsh pour F&SF s'inscrivaient dans une approche beaucoup plus artistique loin des clichés picturaux des pulps.
La rémunération pour un dessin de couverture pouvait se situer entre 150 $ chez Galaxy et F&SF et 50 $ chez d'autres magazines. Comme Emsh pouvait effectuer un dessin en 2 ou 3 jours il commença à profiter d'un niveau de vie assez confortable. Ses illustrations intérieures en noir et blanc étaient payées en moyenne 20 $. (Ces sommes peuvent paraître faibles , mais n'oublions pas que nous étions dans les années 50. Note du traducteur).
Vers la fin de 1952 Emsh avait réussi à être reconnu dans le milieu de la SF. La même année 29 titres différents furent publiés représentants 153 numéros individuels. La contribution artistique de Emsh concernait environ un tiers de ces magazines. En plus il réalisa les illustrations des jaquettes des volumes d'Avalon Books et en 1953 Marty Greenberg éditeur de Gnome Press lui commanda des dessins pour des jaquettes illustrées dans 4 de ses éditions en volumes reliés.
Une
peinture de Emsh pour la couverture de l'édition de Valley of the Flame
par Henry Kuttner chez Ace Books.
La plupart des
éditeurs étaient tous en très bons termes et ne considéraient pas les autres
magazines comme des concurrents, ce qui amena Emsh à tenter de travailler avec
le plus grand nombre possible. A côté de Amazing Stories, Galaxy, et
F&SF, il collaborera à partir de 1953 avec Thrilling
Wonder Stories, Space Stories, Startling Stories, Science Fiction, Rocket
Stories, Fantastic Story Magazine and Fantasy Magazine. Le seul
magazine auprès de qui, à cette époque il ne put travailler fut Astounding
Science Fiction. En ce qui concerne les dessins originaux la politique de
Galaxy était de les conserver malgré les demandes de Emsh qui aurait voulu
les montrer à d'autres éditeurs. Beaucoup de directeurs de publication se
servaient des peintures originales pour décorer les murs de leur bureau. S'ils
ne trouvaient plus de place pour les exposer ils les jetaient sans aucune
arrière pensée. Les demandes incessantes de Ed lui permirent de sauver un
grand nombre d'œuvres originales. Plus tard ceci profitera à sa
famille lors de la vente de ces dessins originaux. Par contre Anthony Boucher et
l'éditeur Lawrence Spivak ne firent jamais aucune difficulté pour rendre à Emsh
ses œuvres originales. Un
collectionneur des peintures de Emsh, Alex Eisenstein, pense que c'est pour cette raison que les meilleurs dessins de Emsh furent crées pour
F&SF.
Dans plusieurs cas Emsh reprenait un dessin composé plus tôt pour l'utiliser une nouvelle fois légèrement modifié. C'est ce qu'il a fait avec la couverture du numéro d'Octobre 1952 de Space Stories ci-après. Sur le premier dessin d'origine le spacioport est sous un bombardement. Sur la couverture du magazine les traces de la bataille n'apparaissent plus. Vraisemblablement à la demande de l'éditeur.
Pendant ce temps Emsh et sa femme Carol avait emménagé dans un petit studio de Manhattan près de Columbia University. Il se levait très tôt le matin et commençait à travailler tout de suite après sa toilette. Le soir il suivait des cours de lithographie et de peinture sur soie à la "Art Student League" qui se trouvait sur la 57ème rue ouest.
La production artistique de Emsh se retrouvait un peu partout. Dessins sophistiqués pour Fantasy and Science Fiction, monstres menaçants pour Space Stories, créatures aguichantes pour Startling Stories, gigantesques vaisseaux de l'espace pour Thrilling Wonder Stories. Le seul artiste aussi prolifique que Emsh était Frank Kelly Freas. Robert W. Lowndes, éditeur de Future Science Fiction se rappelle ; bien qu'il ne pouvait atteindre le meilleur niveau de Freas, je ne me souviens pas qu'il aurait pu être aussi mauvais que Freas pouvait l'être dans ses pires moments. Je ne peux pas me décider afin de savoir qui était le meilleur, mais ils restent tous les deux inoubliables pour toute personne qui à cette période aimait la science-fiction.
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