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SUR LA VIE ET L'OEUVRE DE ED EMSHWILLER

 

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Infinity Science Fiction Octobre 1957

Au cours de l'été 1957 Emsh apporta un dessin montrant deux hommes en tenue d'astronaute s'enfuyant sur une morne planète d'une station spatiale recouverte d'un dôme en verre qui se mettait à fondre sous les premiers rayons du soleil. Lowndes soumit au prolifique Silverberg une photo du dessin. Ce dernier trouva une explication sur ce soleil aussi ardent qu'inattendu en situant son récit "Sunrise On Mercury" sur la planète la plus proche du soleil. Silverberg mit une journée pour écrire cette nouvelle.

Les machines imaginées par Emsh semblaient pouvoir fonctionner dans le monde réel. La couverture d'octobre 1957 de Infinity SF montre une femme (pour laquelle Carol avait servi de modèle) flottant dans l'espace à l'intérieur d'une bulle, faisant un signe à un homme en scaphandre assis sur une espèce de siège propulsé par trois fusées. En dépit de son aspect comique, cette machine semble parfaitement fonctionnelle.

Souvent, il arrivait que par caprice certains éditeurs modifiaient le travail de Emsh sans que celui-ci en soit informé. Un des plus bel exemple est la couverture d'août 1955 de F&SF qui subit des changements importants dont on ne comprend pas bien la raison (voir ci dessous).

John W. Campbell éditeur d'Astounding Science Fiction était quelqu'un de bizarre (dans un domaine qui comptait beaucoup de rédacteurs excentriques). Campbell passait de longues heures dans son bureau-cellule situé au dessus de l'imprimerie de la maison d'édition Street & Smith. Les deux choses qu'il semblait apprécier le plus étaient les discussions et la cigarette. Il fumait continuellement. Vu de l'extérieur la SF était considérée comme une littérature marginale bonne à jeter immédiatement après usage, vivant en vase clos à l'intérieur des magazines, depuis 1926 jusqu'à 1950. Cependant déjà en 1938 seul Campbell avait pu accroître le poids de la Science-fiction en traitant durement ses auteurs et en les obligeant à produire de la qualité afin d'être payés correctement. Il leur demandait un minimum de connaissances scientifiques et d'être capable d'écrire selon les normes que lui, Campbell, avaient édictées. La Science- fiction aurait put après Campbell emprunter une voie qui lui aurait permis d'évoluer rapidement d'une manière positive. C'était sans compter sur le conservatisme de certains éditeurs inquiets de publier ce qu'ils considéraient souvent comme des idioties. . Il fallut la sortie de deux anthologies chez Random House, Adventures in Time and Space de J. Francis McComas et Raymond J. Healy et The Best of Science-fiction des mêmes auteurs chez Crown Publishing pour que les principaux responsables d'édition commencent à découvrir les merveilles littéraires cachées et disponibles à peu de frais dans les kiosques à journaux.

Le 14 février 1955 Emsh rencontrait Campbell dans son bureau de Manhattan. Une rencontre précédente n'avait aboutie à rien. Cette fois Campbell sembla plus réceptif et Emsh le quitta avec une commande de couverture. A cette période Astounding offrait les meilleurs tarifs et Emsh fut enchanté d'avoir obtenu ce travail.

Depuis longtemps Campbell représentait la Science-fiction mais dans les années 50 quelques craquements se firent sentir sur ses murs. Il s'enticha bientôt pour la Dianétique, la pseudoscience de Ron Hubbard, et pour la propulsion "Dean" (une sorte de moteur anti-gravité). Ces égarements éloignèrent nombre de lecteurs du magazine. Dans l'ouvrage de Frank Kelly Freas, John W. Campbell Vol. 1, Freas se souvient des limites de Campbell sur l'art en général. Campbell reconnaissait ses limites mais il savait ce que voulait dire raconter une histoire et sur la façon de l'illustrer. Freas se souvient aussi des propos de Campbell "Écoutez...si je pouvais envoyer une caméra sur Mars ou à l'intérieur de votre corps ou encore dans le futur, je le ferais. Mais je n'ai que vous sous la main. Donc soyez une caméra. D'accord !"
Emsh ne se sentit jamais à l'aise avec Campbell. Il n'exécuta qu'une poignée d'illustrations pour Astounding. Comme le style de Freas se mariait mieux avec les idées de Campbell, ce dernier devint l'illustrateur vedette de la revue.

Les couvertures que Emsh dessina pour Astounding n'étaient pas destinées à l'illustration d'un récit mais pouvait être considérées comme des œuvres indépendantes. Une des premières peintures que Emsh produisit pour Campbell représentait un ours protégeant une équipe d'exploration d'une étrange créature ailée à l'apparence d'un dragon. Campbell demanda à Murray Leinster d'écrire une histoire "Équipe d'Exploration" autour du dessin de Emsh. Lors d'une convention de Science-fiction, Emsh déclarait, "C'est assez fascinant de voir émerger de l'esprit des auteurs tous ces ingénieux concepts. "Campbell avait pour habitude de procéder d'une façon opposée et laissait en toute liberté les manuscrits des auteurs dans les mains des illustrateurs.

Parmi les autres rédacteurs de magazines de Science-fiction, l'attitude de Campbell n'était pas unique. Emsh dut batailler ferme pour faire admettre aux éditeurs qu'il existait maintenant des styles d'illustrations différents et plus modernes.

 

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