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N° 230
février 1973
Philippe Caza
N° 232
avril 1973
R. Bertrand
N° 234
juin 1973
Siudmak
fiction_7307.jpg (59206 octets) fiction_7308.jpg (43258 octets) fiction_7312.jpg (49452 octets)
N° 235
juillet 1973
Phillipe Caza
N° 236
août 1973
R. Bertrand
N° 240
décembre 1973
M. Desimon
fiction_7404.jpg (62432 octets) fiction_7405.jpg (28625 octets) fiction_7501.jpg (39465 octets)
N° 244
avril 1974
G. Raimondo
N° 245
mai 1974
Stohl
N° 253
janvier 1975
Thierry Leroux
fiction_7504.jpg (44184 octets) fiction_7506.jpg (37328 octets) fiction_7509.jpg (44056 octets)
N° 256
avril 1975
Claude Lacroix
N° 258
juin 1975
P. Alexandre
N° 261
septembre 1975
P. Leyrisset


 

Le Chant du Barde par Poul Anderson
(Goat Song - Traduction Michel Deutsch)

Fiction n° 230 - février 1973

fiction_7302.jpg (48570 octets)La nouvelle que vous allez lire est présentée par Poul  Anderson lui-même en ces termes :  En 1966 je participais à la conférence des auteurs de SF de Milford, où Harlan Ellison présenta sa nouvelle "Je n'ai pas de bouche et il faut que je crie". En fait, il la rédigea sur place, au cours d'une soirée où tout le monde avait bu et faisait du vacarme autour de lui. Très impres­sionné, j'entrevis   dans certaines des techniques d'Harlan la possi­bilité d'écrire une toute autre histoire, et avec son accord je les adaptai pour aboutir au présent récit. Mon agent le vendit à l'époque à un de ces magazines qu'on appelle "pour hommes », lequel se mit aussitôt après à entrer dans une longue série de changements de formules et de rédacteurs en chef, au terme de laquelle il interrompit  sa  parution  sans l'avoir publié. Entre-temps, sans que ce soit intentionnel bien entendu, Fred Saberhagen avait utilisé le même thème de base ; et il était même sorti un roman historique portant le même titre. Résigné, j'avais aban­donné l'espoir de faire quelque chose de ce texte. Mais récemment je suis tombé par hasard sur le double de la copie dactylographiée, je l'ai relue et j'ai conclu que l'histoire restait suffisamment différente pour être publiable. Ed Ferman m'a fait le plaisir de l'accepter pour la passer dans F &SF. J'espère que ce plaisir sera parta­gé par les lecteurs. »
A ces lignes de l'auteur, nous ajouterons une information : au cours de la remise des derniers Hugos, qui a eu lieu aux U.S.A. en 1972, le prix de la meilleure
novelette de l'année écoulée a été dé­cerné à Poul Anderson pour son récit "The queen of air and darkness", paru en avril 1971 également dans F & SF. La traduction française de ce texte figurera au cours des prochains mois dans Fiction.

Langage Universel par H. Beam Piper
(Onnilingual - Traduction Bruno Martin)

Fiction n° 235 - juillet 1973

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Entre I963 et I965 les Ace Book, firent paraitre trois romans de science-fiction par H. Beam Piper, et ces petits livres comportaient la traditionnelle  notice biographique concernant l'auteur. Les deux premières de ces notices commençaient par la phrase : H. Beam Piper est assez énigmatique lorsqu’il s'agit de ses coordonnées personnelles. Le début de la troisième était différent : H.  Beam Piper est décédé soudainement en novembre 1964 ; mais la suite n'apportait pas beaucoup de précisions au lecteur. Lorsqu’une nouvelle portant la signature de Piper apparaissait dans une anthologie, le compilateur de celle-ci indiquait à  peu près invariablement, en présentant le récit en question, que l'auteur de ce dernier était un homme discret quine parlait guère de lui-même... Pourtant, cet auteur taciturne apparut pendant dix-huit ans et demi au sommaire d’Astound1ng science fiction, rebaptisé Analog au cours de cette période. Son premier récit, Time and time again, fut publié dans le numéro d'avril 1947, et sa signature se trouva au bas de Down Styphon une année après le décès de Piper, dans le numéro de novembre I965. Peu de temps après ce décès, John W Campbell le rédacteur en chef du magazine, fit paraitre la lettre d'un de ses lecteurs Marvin N. Katz, qui habitait dans la ville ou Piper avait lui-même résidé, et qui fournissait quelques renseignements sur l'écrivain. Ces derniers permettent de retracer certains éléments de cette carrière si discrète.
 
H. Beam Piper était né a Altoona, une ville de Pennsylvanie située à l'est de Pittsburgh, et il y avait travaillé comme policeman (enquêteur, probablement) pour une compagnie de chemin de fer, le Pennsylvania Railroad. Il commença à écrire de la science-fiction et des récits policiers après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et.il abandonna le Pennsylvania Railroad en I956 pour se consacrer uniquement à son activité littéraire. Il vécut a New York, puis à Paris, pour revenir en 1957 aux Etats-Unis. Il s’établit alors dans une autre petite cité de Pennsylvanie, Williamsport, son choix étant motivé par le fait qu'il y comptait plusieurs amis, et aussi parce qu’il avait prêté sa collection d'armes a une société d'histoire de cette ville. Cette collection d'armes — il en avait rassemblé plus de cent — semble avoir été son principal hobby: c'est un des rares renseignements que l'on peut trouver dans les notices le concernant, dans les diverses anthologies ou certaines de ces nouvelles furent reprises. Marvin N. Katz, le correspondant de John W. Campbell, mentionne en outre un grand intérêt pour tout ce qui touchait l'Italie du XV‘ siècle. Marvin N. Katz n’était pas un ami de Piper: simplement, une connaissance commune avait un soir amené celui-ci chez celui-là, et Katz note que son invité montra d’aborcl une certaine réserve, voire de la timidité, pour se révéler ensuite un interlocuteur charmant, aimable, tranquille mais spirituel, et pénétrant dans ses remarques. Quelques mois après cette visite, le lundi 9 novembre I964, H. Beam Piper était trouvé mort dans son appartement. Il s'était suicidé, en employant un des pistolets de sa collection. Quelles étaient les raisons de ce suicide ? H. Beam Piper ne semble pas avoir été l'homme à se faire des ennemis menaçants. Il ne possédait pas, non plus, de proches parents, et vivait apparemment seul. Les explications avancées se rapportaient a des difficultés financières. La chose n’est pas invraisemblable: Piper vivait de sa plume et, s'il était respecté et apprécié dans les milieux de la science-fiction, il n'avait point atteint une véritable célébrité auprès du grand public, pas plus qu'il n'avait signé d'œuvre ayant connu le succès a travers une adaptation ultérieure, cinématographique ou autre. Quelques mois plus tard, John W. Campbell apporta une information supplémentaire, toujours dans Analog, à propos d'une question posée par un autre lecteur. Il semble que l'agent littéraire de H. Beam Piper était mort quelque temps avant l'auteur, laissant tous ses papiers, et ses affaires en général, dans un grand désordre. Il en était résulté, pour Piper, une situation financière très difficile: selon Campbell, cela produisit une profonde dépression morale chez l’écrivain, qui fut de la sorte conduit au suicide. Il avait soixante ans. Il était donc, à quelques mois près, le contemporain de Clifford D. Simak, d'Edmond Hamilton et d'Eric Frank Russell. Le premier récit de H. Beam Piper que Campbell ait publié, Time and time again, est une nouvelle qui relève presque du fantastique, en ce sens que le temps y joue un rôle inexplicable scientifiquement ; mais ce récit ne s'efface pas facilement de la mémoire du lecteur. En I975, pendant la Troisième Guerre mondiale, un capitaine de l'armée américaine, Allan Hartley, est gravement blessé au cours du siège de Buffalo. On lui administre une dose de sédatif, et il perd connaissance. Lorsqu'il revient d lui, il a rajeuni de trente ans — et a fait un saut de trente ans dans le passe ;  il se retrouve, gamin de treize ans, chez son père, avocat a Williamsport en Pennsylvanie. Mais il a conservé tous ses souvenirs concernant ces trente années qu’il a vécues, jusqu'au siège de Buffalo, ces trente années qui ne se sont pas encore écoulées pour le monde, puisque la date a laquelle il a rouvert les yeux est celle du 5 aout 1945. Les Etats-Unis sont encore en guerre contre le Japon — mais plus pour longtemps, puisque la première bombe atomique va être lancée sur Hiroshima le 6. Que s'est-il passe au juste? L’auteur ne fournit aucune explication définitive. Il présente simplement cette journée d'Allan Hartley, qui parvient progressivement à convaincre son père de la réalité de ce qui lui est arrivé. Le cours du temps peut-il être modifié? Oui, car le jeune garçon parvient a empêcher un voisin déséquilibré de tuer sa femme, alors que ce meurtre avait bel et bien eu lieu en cet autre 5 août I945. Allan et son père échangent donc des interrogations sur ce qui a bien pu arriver, parlant des idées de J.W. Dunne sur le temps, et de celles de G.N.M. Tyrrell sur les sciences psychiques. Et Allan décide de faire tout ce qu’il pourra pour éviter cette Troisième Guerre mondiale dont il est inexplicablement « revenu» : utilisant ses connaissances des trente années supplémentaires qu’il a vécues, il va édifier une fortune qui permettra a son père de se lancer dans la politique et d’éviter les erreurs des dirigeants qu’Allan a vus a l'œuvre au cours de ces trente années qu'il est seul à avoir vécues. Résumée de la sorte, la nouvelle parait sèche et superficielle. Mais la narration de l'auteur lui confère une teinte de vraisemblance d'autant plus satisfaisante que le passage progressif de Hartley père de la stupéfaction a l’acceptation y est remarquablement marqué. Egalement réussies, les interrogations intérieures du protagoniste permettent au lecteur de partager son problème : comment faire admettre par le père cette stupéfiante translation temporelle, alors que l'aspect physique d'Allan ne laisse apparaitre aucun changement depuis la veille? Ce que Piper présente sur la scène est relativement simple et dépouillé, mais plausible en fonction de l’événement extraordinaire qui est au caeur de sa nouvelle. Les lecteurs d'Astounding furent d'ailleurs sensibles a cette qualité, car ils placèrent Time and time again en tête des nouvelles de ce numéro d'avril I947, lors du référendum régulièrement organisé  par Campbell. C'est ta une consécration rarement accordée à un auteur nouveau. Dans ses récits ultérieurs, H. Beam Piper plaça généralement davantage d’action, mais Time and time again présentait d’emblée au lecteur son intérêt pour les problèmes du temps. Et aussi, de façon très accessoire, son gout de localiser ses récits dans un décor familier: il lui est arrivé, par la suite, de raconter des conflits qui se développaient dans la région de Pennsylvanie ou il habitait, mais dans des univers parallèles. Une année plus tard, en avril I948, Astounding publiait He Walked Around the Horses, nouvelle exploitant précisément ce thème des univers parallèles pour expliquer une disparition mystérieuse mentionnée par Charles Fort (celle d’un citoyen anglais qui voyageait sur le sol prussien, en 1809). C'est un récit dont la construction, qui utilise uniquement la forme épistolaire, est un petit chef-d'œuvre de graduation, couronné par une savoureuse chute finale. Ce fut au cours de cette même année I948, dans le numéro de Juillet, que parut la première nouvelle de H. Beam Piper traitant de la police du paratemps ». Cette police est une organisation qui est chargée, en quelque sorte, de la surveillance entre les univers parallèles, de façon a empêcher toute interpénétration entre ceux-ci. L’intervention de ses agents s'effectue, par exemple, lorsque quelque personne passe d’un univers dans un autre, ou lorsque des évènements anormaux risquent d'attirer par trop l'attention, dans l'un de ces univers, sur ce qui est en train de se passer dans l'un des autres. La disparition du voyageur anglais de He Walked Around the Horses eut ainsi pu fournir un excellent motif d’intervention aux agents du paratemps, mais cette nouvelle ne fait pas partie du cycle, ayant probablement été rédigée avant que Piper mette au point le thème de celui-ci. Pour 1’amateur de science-fiction qui ne lit que la langue française. H. Beam Piper est un écrivain dont la découverte entière reste encore à faire. Bien que n'ayant pas écrit beaucoup, Piper est un auteur important a cause de la qualité et du fini de ses meilleurs récits. Et aussi a cause du bonheur avec lequel il a approfondi des thèmes dissemblables. Ainsi, le récit que l’on va lire appartient au domaine que l’on appelle habituellement science-fiction ou SCIENCE-fiction — en mettant l’accent, d’une manière ou d’une autre, sur la première composante de ce terme. D’une part, H. Beam Piper y brosse un tableau fort vraisemblable de ce que pourra être, dans un avenir plus ou moins rapproché, l'activité des archéologues qui étudieront une planète ou la vie a existé, puis s'est éteinte. D’autre part, et surtout, l’auteur y pose un problème scientifique précis : comment peut-on espérer déchiffrer le martien écrit, un langage disparu quelques dizaines de millénaires avant que les Terriens découvrent a leur tour l'écriture ? , Il ne faut pas espérer découvrir l’équivalent d’une pierre de Rosette, bien entendu. Et d'ailleurs l’existence d'un document bilingue n'est pas indispensable, même sur Terre. Michael Ventris n'est-il point parvenu, il y a plus d’une quinzaine d’années, a déchiffrer le linéaire B de la civilisation mycénienne en étudiant des tablettes écrites exclusivement en cette langue? Et n’a-t-il pas surpris le monde archéologique en révélant que ces caractères presque cunéiformes servaient d transcrire une forme primitive de la langue grecque? ll n'y a aucun génie de la famille de Ventris dans le présent récit, il n'y a qu'une linguiste sympathique par sa conscience et son appli- cation. La clé que H. Beam Piper lui fait découvrir pour comprendre la langue martienne est aussi satisfaisante par ses possibilités que par sa logique.
Demètre IOAKIMIDIS

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